Démons de minuit...
La nuit est tombée, peut-être depuis trop longtemps, et j'ai une poche sous chaque oeil qui se creuse, mais le lit est vide, trop vide. Et comme s'il aimait sa propre solitude, il ne veut pas de moi.
Ah... Si seulement...
Si seulement je pouvais fermer les yeux, laisser mon corps inerte, oublier... Oublier ce qui ce soir me fait fuir les draps. Oublier que je suis moi, qu'il y a un moi. M'oublier.
L'odeur de cigarette qui me pique le nez, mes yeux, ça y est, ont du mal à fixer les choses. Mais mes doigts filent, les prétentieux, comme s'ils pouvaient traduire ce qui se passe dans mes pensées. Y'a des fantômes dans ma tête, de vieux relents du passé qui me tirent les cheveux. Des ectoplasmes, blancs ou bleus. Et je me dit qu'un jour je deviendrais exorciste, pour les chasser. Ah, mes vieux démons, comme vous êtes gênants.
Éteindre la lumière, me glisser sous la couette... Hors de question!
J'écrase sans trop y penser les cendres de l'encens qui tombent sur le bureau. C'est tellement doux des cendres... Comme des témoins de la non-disparition des choses. Encore des démons, qui vous collent à la peau et vous empêchent d'avancer, un poids à chaque pied, des chaînes autour du cou. Y'a trop de couleurs dans les cendres, du blanc, du noir, du vert, du jaune... Encore des fantômes, dont les spectres froids s'éveillent en un frisson, et dansent avidement devant vos yeux pâteux, vous rendant fous.
Fermer les yeux, se rouler en boule... Inutile!
Ils me suivent, ils me traquent. Et elle n'est pas là pour que je m'accroche à elle. Elle ne pourra pas essuyer mes larmes, ni me caresser la tête, ce soir. Dieue est partie, et les mauvais esprits fanfaronnent. Ne pas sombrer dans leur hypnose, rire de leurs déhanchements saccadés ou volubiles... M'anesthésier la tête, fuir dans ses rêves à elle, partir de moi pour la rejoindre et trouver la force de vaincre mes maux, ces diablotins.
Un jour je deviendrais Exorciste.